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Peut-il y avoir une vie sociale sans « limites », sans « cadres » et sans « repères » ? Classiquement, qui dit « limites », dit « lois », « Tables de la loi » et nous pensons aux différentes dispositions juridiques qu’elles soient positivistes ou religieuses, aux règles de l’éthique, de la morale et de la déontologie professionnelle, aux règles techniques, cadre thérapeutique et supervisions dans les formations thérapeutiques, etc. Les limites sont là pour essayer de contrôler les échanges sociaux, juridiques et psychologiques et la mise en ordre des choses. La religion propose à sa façon un modèle pour « lier », « relier » les individus, les groupes et les sociétés.
Préface Voici que paraissent, pour notre bonheur, les textes de contributions au onzième Colloque organisé par l’Unité de Recherche en Psychologie Clinique de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de l’Université de Tunis, Unité dirigée par le Professeur Riadh Ben Rejeb. Le thème du colloque, Les Limites, a été décidé en 2010. Le voilà traité après une année d’intervalle: 2011, le temps d’une révolution, la Révolution tunisienne. Nous sommes en 2012. Aux limites, donc, entre deux mondes: celui d’avant et celui d’après ce sursaut tunisien qui secoua à sa suite le Proche et le Moyen Orient en un ébranlement général qu’on appela: « le Printemps Arabe ». Quelles frontières spatio-temporelles furent là franchies ? Le Pr. Ben Rejeb apporte d’emblée un élément de réponse avec le titre de son intervention inaugurale: « Obéir, respecter et transgresser ». Trois étapes d’un processus dynamique: se conformer aux prescriptions de la Loi, obéir ; leur faire confiance, les respecter ; enfin, aller au-delà: transgresser. - 2010 est encore dans l’obéissance. - 2011 voit la société tunisienne passer du respect à la révolte. Une révolte qui semble surgir au nom même des principes qui rendaient la Loi respectable: la proclamation de la dignité du peuple et le droit de celui-ci à la justice. C’est là un accès à une époque pleine d’espoir et de danger. Le « nouveau » tant désiré est là. Comblera-t-il les attentes de ceux qui l’ont accouché ? ou provoquera-t-il désillusions et incertitudes ? C’est peut-être bien l’objet central de la réflexion des chercheurs et cliniciens réunis à Carthage en 2012, les 27 et 28 avril. « Par quels biais peut-on aborder le problème «des limites» » ? demande Ben Rejeb: « peut-il y avoir une vie sociale sans « limites», sans « cadres » et sans « bornes » ? Peut-on vivre sans un certain nombre de «barrières» ? ». La liberté et la justice peuvent-elles être « illimitées » ? La nécessaire « remise en ordre » sera-t-elle accomplissement de désir ou frustration sévère ? La toute nouvelle Association Tunisienne pour le développement de la Psychanalyse (ATDP) et ses invités se questionnent. « Tout est permis » disait l’apôtre Paul aux chrétiens du 1er siècle en évoquant la liberté des enfants de Dieu, illuminés par la Miséricorde de l’Eternel: « Tout est permis mais tout n’est pas utile ». Tout, en effet, sur terre a ses limites. Tout et n’importe quoi ne sont pas utiles aux humains pour bien vivre spirituellement et matériellement. A ces humains, au cours de leur longue pré-histoire comme de leur Histoire écrite relativement plus brève, il a toujours fallu discerner entre l’utile et l’inutile, le bon et le mauvais, le favorable et le nuisible, l’acceptable et ce qu’il faut rejeter, l’ingestion et l’expulsion. Et tracer des lignes de démarcation pour éviter les mortels mélanges. Ben Rejeb rappelle la filiation du vocable « limite », lié qu’il est au limes latin, la frontière du domaine de Rome. Les Grecs, eux, au mot « borner », peri-horizô, ajoutent peri-graphô, « tracer un contour ». Le peindre, le dessiner ou l’écrire comme encore aujourd’hui nous représentons par des « graphiques » les relations concrètes ou abstraites entre les êtres et les choses qui sont ou pourraient advenir. Et ainsi les intervenants au Colloque de Carthage s’intéresseront-ils aux différentes figures que peuvent prendre prescriptions et interdits qui délimitent les divers champs de la vie sociale – l’éducation, par exemple, avec Henri Saint-Jean – , la sphère individuelle, psychique et/ou corporelle (Emira Khelifi, Didier Houzel, Cherifa Bouatta), le domaine du langage (Salma Derouiche-El Kamel, Gérard Haddad, Alain Gibeault, Nicole Geblesco) ou encore le terrain plus spécifique de la clinique (Brigitte Reed-Duvaille, Monique Gibeault et Riadh Ben Rejeb). Comme pour conclure cette série d’études, B. Reed-Duvaille pose un regard sur ce qui se passe « Aux limites du travail psychanalytique ». Et c’est précisément aux limites de l’écoute du thérapeute que nous amène en dernier lieu Ben Rejeb avec sa « poupée d’argile » qui clôt le volume. Comment ériger des limites fiables aux interrelations entre les protagonistes de l’entretien thérapeutique ? Le cadre où se déroule classiquement le processus psychanalytique ou bien celui de l’entretien psychologique, dresse-t-il des protections psychiques suffisantes pour le thérapeute comme pour le patient ? Quelles conséquences peuvent avoir sur le thérapeute, par exemple, les longues heures passées à l’écoute de ses patients ? Si ces derniers jouissent de la liberté de tout dire, d’exhaler leurs plaintes ou leurs haines, d’évoquer des exigences érotiques ou des défenses sado-masochistes contre l’angoisse, ou bien encore les jeux de la pulsion de mort dont ils sont le théâtre avec leurs conduites et leurs fantasmes, ces discours libérateurs pourraient-ils au contraire se changer pour le thérapeute en autant d’invasions brutales et explosives de son propre psychisme ? A quel prix demeure-t-il « le thérapeute » ? Comme « la poupée d’argile » du récit, pourrait-il se décomposer sous l’effet délétère de l’irruption du « meurtriel », de « l’incestuel » et du traumatique, pour reprendre les concepts de Paul-Claude Racamier et de son continuateur Jean-Pierre Caillot ? La première des patientes reçues a interpellé Ben Rejeb: « Dites-moi, vous ne risquez rien avec votre travail ? Comment faites-vous pour écouter et supporter tout ce qu’on vous dit ? », et elle associe aussitôt avec le destin funeste de « la poupée d’argile », la poupée confidente détruite par l’horreur des confidences reçues. Nous le voyons, nous retrouvons encore les limites ; ici, celles du praticien et de son art. « Comment protéger les “psyˮ ? ». Comment les préparer à l’exercice de leur métier ? Riadh Ben Rejeb invite ses lecteurs à élaborer leurs propres réponses. C’est là une offre à la discussion, à la pensée, celle-là même qui sous-tend le volume entier lui conférant sa valeur singulière. Pour ma part, je rappellerai en ce point l’exigence qui s’impose à tout candidat, à toute candidate à l’exercice de la psychanalyse: l’indispensable analyse personnelle effectuée avec un psychanalyste confirmé par ses pairs. C’est cette plongée préalable en soi-même qui, seule, permettra à l’analyste d’éclairer ses motivations profondes à l’exercice professionnel de la psychanalyse et à se prémunir efficacement contre les inévitables réveils pulsionnels et les identifications plus ou moins inconscientes à l’analysant comme aux fantasmes de celui-ci ou aux personnages qu’il fait vivre dans son monde mental. C’est elle encore qui sera continuée dans l’indispensable « auto-analyse » que le thérapeute poursuivra au long cours. Revenons, par cette voie à l’essentiel du propos de ce volume, la notion de « limite », la limite rencontrée pour le meilleur et pour le pire, la frontière entre le principe de plaisir et le principe de réalité. Ne nous confronte-t-elle pas à ce qui constitue l’humain comme tel ? Être finitude, il aspire à l’infini. Une question de notre temps: Riadh Ben Rejeb l’a parfaitement saisi en évoquant à cet égard le rôle du rêve et de la pensée qui déplace les barrières. Rêvons donc, pensons…. Et lisons ! Nicole GEBLESCO Psychanalyste, Monaco, membre de la Société Psychanalytique de Paris (SPP)
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