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Des conflits, de plus en plus graves, entre les valeurs ne cessent de croître et on invoque de plus en plus ce qu’on appelle « crises des valeurs » et ce, au nom d’un traditionalisme qui semble refaire surface dans les différentes sociétés. Il semble que le rejet de l’autre devienne, paradoxalement, monnaie courante à une époque où on parle de mondialisation et où la communication devient si aisée. Il serait opportun de comprendre que la diversité est une richesse et ne conduit ni à l’explosion ni à l’implosion des sociétés. Ce projet a pour objectif majeur de préciser ce qu’on entend par « valeurs » dans les différents domaines et de s’interroger sur la conflictualité et sur un universalisme permettant de penser la dialectique de la diversité. La pluralité ne s’oppose pas à l’élaboration de principes fondamentaux capables de diriger nos jugements et donc nos actions et ne débouche pas sur « une guerre des Dieux ».
Inauguration de la chaire UNESCO de philosophie le 28-10-2023 Mélika Ouelbani Professeur émérite à l’Université de Tunis Titulaire de la chaire La chaire Unesco de philosophie a été créée en 1997, présidée par mon collègue F. Triki, que nous remercions pour tous les efforts déployés et les activités organisées. Elle a été reconduite cette année (avril) et m’a été confiée pour son renouvellement. J’ai proposé alors un thème que j’ai voulu être d’actualité aussi bien tunisienne qu’internationale, à savoir les conflits et leurs relations avec les valeurs, les sociétés et les religions. Et ce n’est pas l’actualité qui va nier l’opportunité d’un tel thème de réflexion. Le choix de ce thème s’est presque imposé à nous et n’est donc pas du tout anodin. En effet, depuis 2010, la Tunisie vit des temps difficiles qui ont commencé par un mouvement de protestation, suivi par un soulèvement populaire en 2011, qui a abouti à la chute d’un régime autoritaire et par là-même à l’espoir de réaliser un régime démocratique ou plus exactement un État de droit garantissant les droits de chacun. Cet air de liberté a attisé les discussions et par conséquent les conflits entre partis, individus, communautés...Ce qui suggère un certain nombre d’idées, objets de réflexion : Le premier point concerne le rapport entre démocratie et conflits d’opinion : Pas de démocratie sans pluralisme, diversité et opposition, c’est-à-dire conflits de nature différente. Le deuxième point que nous pouvons relever empiriquement dans cette expérience concerne le fait que ceux qui ont été à l’origine de ces bouleversements consécutifs, qu’ils soient pacifiques ou violents, ont toujours justifié leurs actions et leurs discussions en s’appuyant sur le registre varié des valeurs. En effet, même dans les phases pacifiques, comme celle de l’élaboration d’une nouvelle constitution, les désaccords les plus virulents reposaient sur des choix moraux, idéologiques sociaux ou économiques. Toutefois, et c’est le troisième point à relever, les conflits n’opposaient pas toujours ceux qui défendaient des valeurs différentes, mais des groupes et des partis politiques qui partagent pourtant les mêmes valeurs et les mêmes idéaux. Il semble ainsi que le conflit n’est pas synonyme d’opposition ou de guerre, même si le terme a aussi cette dernière signification évidemment. Comme tous les termes de notre langage, « conflit » a différents usages et donc différentes significations: conflit armé mais aussi conflit d’intérêt, conflit idéologique, conflit d’opinion, conflit de valeurs, confit de génération... Ces trois remarques justifient une réflexion et des discussions sur les rapports entre les valeurs et les conflits et sur le processus même des conflits : 1) si les conflits se font au nom des valeurs, comment des individus qui partagent normalement les mêmes valeurs (politiques, sociales, morales...) peuvent-ils entrer en conflits ? 2) les valeurs ne sont-elles pas conflictuelles par essence, parce que plurielle ? Ou bien les conflits ne naissent-ils pas des différentes approches par lesquelles les valeurs sont comprises ? Ceci d’une part. D’autre part, si la valeur se définit par ce qui est digne d’être estimé, n’y a-t-il pas « des choses » qui valent de manière partagée universellement ? La question se pose avec insistance pour les valeurs morales et juridiques qui appellent un minimum consensuel pour permettre la cohabitation à petites, moyennes et grandes échelles. Ainsi, bien que les valeurs soient plurielles par définition, un terrain d’entente est nécessaire à la co- existence. Notre réflexion, à travers les différentes manifestations que nous tacherons d’organiser ces trois prochaines années, jettera un éclairage sur le concept de conflits, lequel, à côté de la signification liée à la guerre, à l’anéantissement et à l’horreur, a d’autres usages qui justifient l’opportunité de réfléchir ensemble sur 1) l’idée que la diversité est une richesse et ne conduit pas nécessairement à l’explosion ou à l’implosion des sociétés. Ce projet a pour objectif majeur de préciser ce qu’on entend par « valeurs » dans les différents domaines et de s’interroger sur la conflictualité ainsi que sur un universalisme permettant de penser la dialectique de la diversité. La pluralité ne s’oppose pas à l’élaboration de principes fondamentaux capables de diriger nos jugements et donc nos actions et ne débouche pas sur « une guerre des Dieux » selon l’expression connue de Weber. 2) sur l’idée que les conflits n’ont pas forcément une connotation négative, bien au contraire, d’abord parce que valeurs et conflits sont indissociables, les valeurs étant plurielle et ensuite parce qu’ils ne sont pas uniquement un facteur de désunion mais également, comme le dit si bien Simmel, les conflits, en tant qu’interaction entre les individus, sont une forme essentielle de la socialisation, et je rajouterai du progrès et de la rationalisation. Quelques mots sur cette chaire UNESCO de philosophie, dont j’ai donné rapidement le cadre général : Elle est soutenue pour l’instant par l’Ambassade d’Autriche à Tunis, l’association Nissa (présidée par Dalenda Larguech), l’association de droit constitutionnel (présidée par Salwa Hamrouni) et l’université Mohamed VI polytechnique du Maroc, dirigée par Ali Benmakhlouf, notre collègue philosophe et - je dois dire, en particulier- par le Président de l’Université de Tunis, qui ne démord pas d’efforts pour promouvoir la philosophie. Nous œuvrerons à constituer un réseau avec d’autres chaires, en particulier celles du Maghreb et d’autres pays d’Afrique. Je viens d’ailleurs de recevoir une demande de partenariat de la part de la chaire de philosophie de l’université d’Alassane Quattara de Bouaké (Côte d’ Ivoire) et de la chaire de philosophie de l’université de Corse. L’intitulé de cette chaire est Les conflits : Valeurs, Sociétés et Religions appelle/ suggère une pluridisciplinarité, laquelle se retrouve dans le CS composé de philosophes, juriste, historien ... Durant les trois prochaines années, nous essaierons de traiter des différents volets de la question par l’organisation de colloques, de conférences, d’enquêtes et de différentes manifestations. Nous nous intéresserons notamment 1) aux notions même de conflits et de valeurs, 2) A la relativité des valeurs sociales, morales et religieuses qui pose les questions de la coexistence, de la tolérance (question du genre, l’exclusion, le rôle de l’État, de l’éducation...) et des processus de résolution et non dissolution des conflits. 3) A la question de l’existence de valeurs fondamentales. Comment garantir la coexistence? Quels rôles les intellectuels, l’éducation, le droit...devraient-ils jouer? Nous essaierons dans la mesure du possible de publier tous nos travaux en version bilingue. Notre premier colloque se tiendra ici même les 1er et 2 décembreet aura pour thème: Valeurs et Conflits. Nous inaugurons la chaire ce matin par une leçon sur le thème suivant : Le libéralisme de la liberté et les interprétations de la laïcité. Elle sera prononcée par Patrick Savidan que j’ai eu la chance et le plaisir de connaître à l’occasion de différents colloques ici et là et également au département de philosophie de l’Université Sorbonne Paris IV. Actuellement, Il est professeur de philosophie politique à l’université Paris- Panthéon Assas et directeur de la revue biannuelle « Raison publique » qui publie régulièrement depuis2003. Il a publié entre autres, en plus de nombreux articles et de la direction d’ouvrages collectifs, - Repenser l’égalité des chances. - Le Multiculturalisme. - Voulons-nous vraiment l’égalité. - Dictionnaire des inégalités et de la justice sociale. - Le dictionnaire des sciences humaines (avec Sylvie Mesure).
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